Près d’un français sur trois est hypertendu, mais la moitié l’ignore.
N’est-il pas grand temps de mieux dépister l’hypertension ? Mais pourquoi et comment ?
On parle de « tension » artérielle mais on comprendra mieux si l’on parle de pression, comme dans un tuyau, car c’est bien ce dont il s’agit. Le sang ne peut circuler dans les vaisseaux que s’il est propulsé par une pompe, ici le cœur. À chaque battement il envoie le sang dans les artères, fait ainsi monter la pression à l’intérieur, et tend les parois des artères (qui heureusement sont assez souples pour amortir l’afflux). C’est pourquoi l’on parle de tension, bien qu’il s’agisse de pression.
Cette pression va beaucoup varier selon l’état de la personne, son activité physique et de nombreux facteurs internes ou externes. Il ne faut donc pas se fier à une seule mesure.
La tension artérielle est définie par deux chiffres. On dira 12 / 8 par exemple (c’est bien) ou 15 / 10 (c’est moins bien). Le premier chiffre, c’est la pression quand le cœur se contracte pour éjecter le sang ; la pression est alors maximale. Le second, c’est quand il se relâche pour se remplir avant de recommencer ; la pression est donc minimale.
Ces chiffres définissent la pression 12 = 12 cm de mercure (si l’on dit 120, on parle en mm de mercure).
Entre les deux le différentiel ou « pression pulsée » sera aussi pris en compte.
Parce qu’elle peut entraîner des pathologies. L’hypertension n’est pas en soi une pathologie, c’est un facteur de risque. Il est à considérer, mais il ne doit pas paniquer. Si une de ses pires conséquences est l’AVC (accident vasculaire cérébral, une artère abîmée qui finit par rompre, ou se boucher), le risque (n’en) est (que) de 2 à 3 fois supérieur chez un hypertendu.
Les risques liés à l’hypertension concernent le cœur et les vaisseaux, mais aussi les organes qu’ils irriguent. On citera l’infarctus du myocarde, l’insuffisance cardiaque (le cœur a du mal à pomper une pression forte), l’insuffisance coronaire, rénale, ou ophtalmique… ces risques sont nombreux.
On parle habituellement d’hypertension à partir de 14-9 (mais les Américains disent 13-8). Elle est légère jusqu’à 16-10, modérée jusqu’à 18-11 et avancée ou sévère au-delà.
Pour le différentiel (pression pulsée), il vaut mieux qu’il reste au-dessous de 6.
On ne retrouve pas de cause à l’hypertension dans 90% des cas. Pour les 10% restants, le médecin va quand même rechercher une cause, pour le cas où elle soit curable.
La plupart du temps non, et c’est bien le problème. Si elle peut causer des maux de tête, des acouphènes, des vertiges, des palpitations ou divers autres troubles, ces symptômes sont peu fréquemment liés à l’hypertension, et ont de nombreuses autres causes. Ce n’est donc pas ce qui va révéler l’hypertension ; c’est pourquoi il faut la surveiller.
Imaginez un tuyau d’arrosage. Une pression trop forte va le dilater et fragiliser sa paroi. Tout va bien, jusqu’au jour où il éclate.
Ainsi, qualifiée de « tueur silencieux » l’hypertension provoque des dégâts sur les vaisseaux sanguins, mais tant qu’ils ne provoquent pas d’accident, on ne peut pas la deviner.
Il est important de surveiller sa tension, sans en faire une obsession. Comme on l’a vu, elle va contribuer à faire risquer une pathologie, mais pas toute seule. Ce n’est qu’un facteur favorisant.
Si on n’a jamais eu de souci avec sa tension, si on n’a pas d’antécédent personnel ou familial qui puisse laissait craindre que ce soit un sujet de préoccupation, il faut simplement surveiller sa tension à l’occasion de visites médicales (du travail, ou chez son médecin, ou en passant par une pharmacie équipée).
Si on a d’autres facteurs de risque comme un diabète, ou une famille d’hypertendus, ou un antécédent quelconque rajoutant un facteur de risque, on surveillera de plus près.
Dans tous les cas, on se fiera à ce que propose le médecin traitant, ou le médecin du travail, sans négliger une surveillance attentive mais sans paniquer devant une poussée tensionnelle.
Une exception à ce qui vient d’être dit : pendant la grossesse, il faut vérifier la tension à chaque visite prénatale car peut survenir une hypertension gravidique, c’est-à-dire causée par la grossesse, qui est à haut risque pour la mère et l’enfant.
L’hypertension faisant partie des facteurs de risque cardio-vasculaire, la présence d’autres facteurs augmentant ce risque déterminera quand il faut traiter. Schématiquement s’il n’y a pas d’autre facteur de risque ni de complications, on ne traite qu’à partir de 16-9,5. Chez une personne diabétique, ou ayant eu un incident vasculaire, on commencera plus bas, vers 14-8.
Mais c’est le médecin qui déterminera de la pertinence et de la nature du traitement à proposer. Il n’y a pas de règles définitives sur le sujet et le traitement médicamenteux est trop complexe pour s’y attarder ici.
On l’aura compris, l’hypertension artérielle étant un facteur de risque, la grande affaire est de ne pas en rajouter d’autres. Quels sont donc ces autres facteurs ?
Les uns sont incontournables : âge, genre, hérédité.
Mais d’autres peuvent être travaillés. On peut soi-même modérer sa tension par des mesures simples. Le premier traitement, même pour une hypertension modérée, appartient à chacun.
L’activité physique est le premier moyen de réguler sa tension. Bouger, bouger, bouger pour rester en bonne santé, on n’insistera jamais assez.
Mais aussi corriger un surpoids, traiter un trouble lipidique (trop de cholestérol par ex.), manger moins de sel, plus de fibres alimentaires, de fruits et légumes, moins de graisses (régime DASH ou méditerranéen), moins de stress, boire moins d’alcool, arrêter le tabac… sont autant de moyens de contrôler personnellement sa tension.
Insistons sur le cholestérol qui est le principal facteur de risque cardio-vasculaire, à éviter de surajouter à l’hypertension. C’est le LDL-cholestérol (mauvais cholestérol) le coupable. Mais ceci fait l’objet d’un autre article.
L’hypertension est un sujet majeur de santé publique. Les recherches portent donc beaucoup sur la prévention primaire, et comment mieux dépister l’hypertension ?
La recherche de biomarqueurs (anomalies biologiques) précédant l’hypertension permettrait de la contrôler plus tôt. Plusieurs d’entre eux qui semblent assez prédictifs de l’hypertension sont en cours d’étude.
L’analyse des facteurs génétiques s’affine de plus en plus pour, également, prédire mieux et donc contrôler plus tôt l’hypertension.
Mieux connaître l’incidence des facteurs de risque favorisant ou compliquant l’hypertension fait l’objet de multiples travaux. Parmi eux, les approches alimentaires, notamment sur le sel de sodium pour en contrer l’effet délétère.
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